Journée de l'Europe
Table ronde + Conférence
Le 9 mai 2022 de 15:00 à 19:30
Journée de l’Europe 2022
A l’occasion de la Journée de l’Europe le 9 mai 2022, Madame l’Ambassadeur, Pascale Andréani a ouvert l’après-midi de débat d’idées organisé par l’Institut français en Hongrie. Une première table ronde a lancé le débat entre Jean-Dominique Giuliani et Pascale Joannin de la Fondation Robert Schuman France et des thinks tanks hongrois sur les grands enjeux stratégiques européens à mi-parcours de la Présidence Française du Conseil de l’UE (PFUE). Une deuxième conférence, avec la participation de László Trócsányi, Eurodéputé (2019-2024) et ancien Ministre de la justice (2014-2019), a ensuite approfondi la question de la démocratie participative européenne et discuté des attentes à l’égard des conclusions de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe.
1ère partie – 15h-16h30 : Conférence et débat avec des think tanks hongrois : « Grands enjeux stratégiques européens à mi-parcours de la PFUE »
Durant cette table ronde, les invités ont interrogé les grandes problématiques européennes actuelles – conflit en Ukraine, inflation, enjeux énergétiques, souveraineté … La Conférence sur l’avenir de l’Europe est ainsi apparue comme une opportunité de faire émerger les principales préoccupations, ainsi que des propositions de solutions soutenues par les citoyens européens.
Dans le contexte de conflit en Ukraine, Monsieur Erik Uszkiewicz du think tank Hungarian Europe Society, a souligné le renforcement des liens et l’unité affirmée par la plupart des pays européens. L’Union européenne apparait ainsi plus forte que jamais dans les moments de crises intenses, à l’instar du conflit parcourant actuellement l’Ukraine ou encore de la pandémie de COVID-19. Monsieur Uszkiewicz a cependant nuancé ses propos en rappelant les résultats des dernières élections hongroises, constituant une réaffirmation de l’« illibéralisme » en Hongrie.
Monsieur Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman France a poursuivi en soulignant les dangers d’une Europe « à deux vitesses », distinguant les pays partisans d’un renforcement de l’intégration européenne, de ceux – à l’instar de la Hongrie ou de la Pologne- s’opposant à l’accroissement de l’autorité bruxelloise. Monsieur Giuliani a souligné la nécessité de repenser l’efficacité de l’Union. A cet égard, une plus grande flexibilité de la règle de l’unanimité constituerait une solution afin d’assouplir les prises de décision, notamment pour des questions ne portant pas atteinte à l’intégrité des Etats membres. Enfin, Monsieur Giuliani a rappelé la nécessité de repenser l’approvisionnement énergétique de l’Europe, dans un contexte de crise en Ukraine, et alors que plus de 45% des importations de gaz naturel de l’UE proviennent de Russie.
Monsieur Daniel Bartha, de l’Equilibrium Institute a ensuite fait part de l’intérêt marqué des citoyens pour les questions européennes. Il a souligné la nécessité d’ouvrir un véritable débat prenant compte des préoccupations des citoyens à travers l’Europe.
En outre, Monsieur Tamás Péter Baranyi, chercheur à l’Institute for Foreign Affairs and Trade (IFAT) a fait part de l’équilibre européen précaire, entre deux paradigmes : le paradigme national à travers les pays revendiquant leur souveraineté, et le paradigme supranational à travers les pays plaidant pour un plus grand fédéralisme européen.
Patrik Szicherle, du think tank Political Capital a souligné le risque d’un accroissement des mouvements populistes dans ce contexte de pénuries et de crises économiques. L’inflation, les sanctions économiques liées à la guerre en Ukraine et les pénuries étant à l’origine d’une chute du niveau de vie des citoyens européens.
Pascale Joannin, Directrice générale de la Fondation Robert Schuman France, a rappelé la nécessité de penser l’Europe au-delà de la présidence française du conseil de l’Union européenne, qui ne dure que 6 mois. Madame Joannin a ainsi souligné de grands projets européens, notamment concernant les enjeux numériques. A cet égard, le Digital service Act ou encore le Digital marketa act, constituent des progrès importants vers une Europe numérique indépendante.
2ème partie – 17h30-19h30 : Conférence : « La démocratie participative européenne face aux crises – Qu’attendre de la conférence sur l’avenir de l’Europe ? »
Durant cet échange à 3 voix, Messieurs Jean-Dominique Giuliani, László Trócsányi et Guillaume Courty, ont échangé sur l’actualité de la démocratie participative en Europe dans un contexte de crises multiples.
Messieurs Jean-Dominique Giuliani et László Trócsányi ont premièrement rappelé les grandes menaces pesant sur la démocratie européenne, notamment à travers des attaques en provenance de Chine et de Russie. Tant de menaces qui constituent néanmoins des opportunités pour l’Europe : opportunité de renforcer les liens entre pays européens, mais aussi opportunité de réaffirmer les valeurs fondatrices de l’Europe. L’efficacité des actions européennes constituerait un catalyseur au sentiment de fierté et d’appartenance à l’Union. Une efficacité qui interroge aujourd’hui face aux résultats mitigés et blocages de plusieurs projets européens. Monsieur Giuliani a par ailleurs rappelé la complexité de l’intégration européenne : une intégration issue d’une élite technocrate et experte, parfois éloignée des citoyens et de leurs réalités. La prédominance des débats idéologiques a ainsi éloigné le projet européen des réalités vécues et besoins exprimés par les citoyens. Selon monsieur Giuliani, la modification de l’architecture européenne et l’articulation entre centralisation et subsidiarité apparaissent constituent des solutions pragmatiques à la revitalisation d’un projet européen plus proche des citoyens.
Monsieur Guillaume Courty, professeur de sciences politiques à l’Université de Picardie Jules Verne (UPJV) et chercheur au CNRS a énoncé le grand enjeu démocratique en Europe : l’invention de nouveaux paradigmes et critères de démocratie. Le tournant participatif émerge aujourd’hui comme la 3ème étape de l’aventure européenne, après l’Europe consultative, puis délibérative.
A cet égard, la démocratie participative suppose 4 missions du citoyen. Il s’agit pour ce dernier, de se tenir informé ; réfléchir ; délibérer et être force de proposition. La Conférence sur l’avenir de l’Europe a ainsi impliqué plusieurs panels de citoyens, des citoyens tirés au sort, 719 757 participants en ligne, mais aussi des experts, dans l’objectif officiel de « Laisser assez de place pour une véritable remontée des délibérations des citoyens ». Le tournant participatif appelle néanmoins à prendre en compte les biais et balbutiements d’une méthode nouvelle. Il apparait nécessaire de choisir les formules les plus appropriées (partage d’idées, assemblées citoyennes, forums délibératifs…), mais aussi de neutraliser les biais les plus fréquents (logiques d’exclusion, influences des experts, biais des sollicitations téléphoniques et numériques…). Monsieur Courty a mis en avant les budgets participatifs, un outil participatif efficace dans ses résultats et par ailleurs apprécié des populations. Finalement, Le projet de démocratie participative est à l’origine de nombreuses attentes qu’il convient in fine, de mettre en œuvre, tout en assurant un suivi et un respect des objectifs énoncés et de la représentativité des citoyens européens.
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Institut français en Hongrie, Auditorium
Fő u. 17,
1011 Budapest