Entretien avec Frédéric Rauser
Nouveau directeur de l'Institut français de Budapest
Vous avez été nommé directeur de l’Institut en septembre dernier, mais vous avez déjà travaillé à Budapest il y a quelques années. Pourquoi avoir choisi la Hongrie après l’Irlande ?
La Hongrie est un pays attachant. De mon premier séjour j’ai conservé de nombreuses connaissances et amis ici. La Hongrie est aussi un pays de grande culture, notamment la musique, la littérature, les arts visuels ou encore le spectacle vivant. C’est un plaisir pour moi de travailler et vivre en Hongrie.
La Hongrie et son rapport à la France ont-ils beaucoup changé depuis votre départ ?
C’est difficile à dire, je viens d’arriver, dans mon domaine professionnel je ne trouve pas de réels grands changements si ce n’est un intérêt pour des projets communs, une volonté et un appétit de mettre en place des projets culturels, éducatifs, scientifiques et universitaires entre nos deux pays.
Depuis votre arrivée, vous avez pu refaire connaissance avec la Hongrie et réfléchir à de nouveaux projets pour l’Institut français : quelles sont vos priorités ? Comment voyez-vous l’IFB dans 5 ans ?
Notre action sera plus serrée, plus lisible, concentrée autour de priorités qui correspondent à celles indiquées par notre Ministre et dans une volonté de contribuer à un projet européen. En trois mots : diversité, partage et intercompréhension. Il s’agira de porter l’accent sur six priorités : soutenir la Francophonie hongroise, généralement de grande qualité ; renforcer l’attractivité et la performance du Centre de langue : nous avons dans nos murs, une excellente école de langue ; valoriser la Recherche et les Sciences pour dynamiser les échanges économiques entre les deux pays ; s’appuyer plus fortement sur nos réseaux universitaires et alumni et promouvoir les industries culturelles et créatives porteuses en Hongrie.
N’oublions pas la médiathèque de l’IFB qui constitue un outil de coopération culturelle de haut niveau puisqu’elle propose des collections complètes d’ouvrages, de BD, de CD et de DVD français uniques en Hongrie.
Bref, l’Institut Français de Hongrie est une porte ouverte sur la France mais aussi un lieu d’échanges entre la Hongrie et la France dans un projet éminemment européen.
Parmi les principales missions de l’Institut français figure la promotion de la langue française. Quels sont vos projets dans ce domaine ?
Nous avons effectivement pour ambition de promouvoir un enseignement de qualité du français au sein des établissements scolaires et universitaires hongrois. Pour cela, nous apportons notre soutien, aux côtés de l’Etat hongrois, à la Fondation franco-hongroise pour la Jeunesse, dispositif de mise à disposition des établissements où s’enseigne le français de jeunes enseignants locuteurs natifs diplômés en enseignement du français langue étrangère. L’IFB soutient les 9 sections bilingues francophones en Hongrie. Elles ont toutes obtenu le Label FrancEducation, décerné par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français. Ce Label atteste de l’excellence de l’enseignement du français dispensé dans ces lycées. L’IFB participe à la formation des enseignants de français notamment à l’occasion de l’Université régionale d’été de Budapest.
On pourra aussi citer le festival de la Francophonie qui présente un large échantillon des arts des pays francophones, et les Journées du Film Francophone qui se déroulent dans toute la Hongrie.
L’IFB abrite un important centre d’apprentissage du français : quels atouts apporte aujourd’hui la connaissance de la langue française ? pourquoi l’apprendre à l’Institut ?
Le Centre de Langue de l’Institut français propose des cours de français général ou professionnel à tous les niveaux d’apprentissage, dans ses locaux ou à l’extérieur à des apprenants de tout âge, avec plus de 2 000 inscriptions par an. Le Centre de langues de l’IFB est le référent en termes de certifications en langue française reconnues au niveau international. Nous y disposons des technologies les plus avancées pour l’enseignement du français, mais aussi des équipes les plus performantes, formées régulièrement en France pour rester en contact avec les méthodes d’enseignement les plus récentes.
Le français demeure une grande langue internationale, loin derrière l’anglais certes, mais c’est la seule, avec l’anglais justement, parlée sur les cinq continents. C’est une des langues officielles de quasi totalité des organisations internationales et européennes.
Les coopérations scientifiques, techniques et universitaires, moins connues du grand public, constituent cependant une part importante des activités de l’IFB : quelles sont les principales missions de l’Institut à ce sujet ?
Dans les domaines scientifique et universitaire, l’Institut français a pour objectif d’initier et développer des liens durables entre les institutions d’enseignement supérieur et de recherche français et hongrois, de soutenir les coopérations scientifiques prometteuses dans le but d’améliorer nos performances communes dans le cadre de l’espace européen de la recherche et de développer des échanges de bonnes pratiques. Nous avons ainsi deux programmes phares, le programme bilatéral BALATON qui soutient les échanges scientifiques de haut niveau, et un programme de bourses du gouvernement français pour permettre à des étudiants, doctorants et jeunes scientifiques hongrois talentueux de réaliser un séjour d’études ou de recherches en France. Nous avons également pour mission la promotion de l’enseignement supérieur français ainsi que d’entretenir le dialogue avec les Hongrois sur les grands enjeux de société actuels et à venir, comme par exemple le développement durable et l’avenir de l’Union européenne.
Budapest est une ville culturellement très riche et dynamique : quelle est la place de l’IFB sur la scène culturelle budapestoise ?
L’Institut français a historiquement un statut de prestige ici lié à son histoire. Nous avons toujours été présents à Budapest depuis notre fondation en 1946. Nous sommes restés fidèles à nos missions de passeurs de cultures au fil des années malgré les changements d’époques. Cela nous confère une certaine aura, les Hongrois, en tout cas ceux qui aiment la France, la francophonie et l’ouverture à d’autres cultures, sont attachés à l’IFB. La preuve, ils fréquentent de plus en plus l’Institut français.
Vous êtes amateur de littérature et de poésie, quels sont vos écrivains hongrois préférés ?
Lors de mon précédent passage j’ai eu le plaisir et l’honneur d’échanger à plusieurs reprises avec Péter Esterházy. C’était un très grand écrivain. J’aime Péter Nádas, György Konrád, Frigyes Karinthy, j’ai un penchant particulier pour Gyula Krúdy.
Pour la poésie, Petőfi bien sûr, Ady, surtout Új versek. Plus proche de nous j’apprécie la personnalité et la poésie de Krisztina Tóth.